L'état de l'économie britannique peut sembler aller de mieux en mieux, avec un taux de chômage à son plus bas depuis l'hiver 1974-1975. Ce record global masque cependant d'autres données qui montrent que le boom pourrait ne pas être la panacée magique à toutes les craintes que beaucoup ont sur les retombées du Brexit.
La croissance des salaires au Royaume-Uni ne suit pas le rythme
La croissance des salaires au Royaume-Uni n'a pas réussi à suivre le rythme de la croissance de l'emploi et a diminué d'une année sur l'autre. Et ce, malgré la pression à la hausse sur les salaires qui devait découler d'une pénurie de main-d'œuvre. La Banque d'Angleterre avait prévu que la croissance des salaires au Royaume-Uni augmenterait de manière significative en raison du profil d'emploi du pays. Elle a donc relevé les taux d'intérêt afin d'éviter une surchauffe de l'économie.
Cependant, le salaire réel n'a réussi à augmenter que de 0,1% après inflation en glissement annuel, ce qui n'est pas un signe encourageant pour ceux qui croient que le pays sortira économiquement indemne de son projet de quitter l'Union européenne.
La question des contrats zéro-heures
Bien que la croissance des salaires au Royaume-Uni ne corresponde pas à ce que les responsables auraient pu attendre à ce moment-là pour l'économie, d'autres résultats positifs sont apparus sur la façon dont les entreprises au Royaume-Uni sont faire face aux fluctuations du marché du travail. Le nombre d'employés bénéficiant de contrats à durée indéterminée, souvent cités en exemple de pratiques de travail précaires et injustes, est passé de 884,000 à 780,000 au cours de l'année, ce qui représente une évolution positive, notamment pour les bas salaires qui sont les plus touchés par ces contrats.
C'est peut-être un signe que, même si les salaires n'augmentent pas autant que prévu, le resserrement du bassin d'employés potentiels a forcé les entreprises du Royaume-Uni à au moins offrir de meilleures conditions à leur personnel. Il s'agit toutefois d'un maigre réconfort, compte tenu de l'incertitude qui entoure toujours le pays alors que la date de sortie (le 29 mars 2019) du plus grand bloc commercial du monde se rapproche de plus en plus.
Les citoyens de l'UE employés en Grande-Bretagne continuent de chuter
Autre détail intéressant et mieux prédit : le nombre de citoyens de l'UE employés en Grande-Bretagne continue de baisser, dans ce cas de 86,000 personnes. Il s'agit de la plus forte baisse du nombre de travailleurs de l'UE quittant le marché du travail britannique depuis le début des enregistrements il y a plus de 20 ans et représente le lent renversement de l'immigration des pays de l'UE, mais pas des pays non-UE, vers le Royaume-Uni.
Cela signifie que ceux qui font des affaires au Royaume-Uni auront du mal à pourvoir les 829,000 postes vacants, qui ne sont pas seulement un souci pour l'économie mais aussi pour la société au sens large. Parmi ces postes vacants, le National Health Service (NHS), le système de soins de santé gratuits de la Grande-Bretagne, constitue 107,000 d'entre euxavec 12% des postes d'infirmières vacants non pourvus. Cette situation ne peut qu'empirer à mesure que la fuite des travailleurs qualifiés de l'UE se poursuit dans le système.
Dans l'ensemble, bien que de nombreux signes positifs aient été observés récemment au sujet de l'économie du Royaume-Uni, tels que son taux de chômage très bas et sa production industrielle élevée, des inquiétudes subsistent quant à savoir si cela peut être maintenu et se traduira effectivement par plus d'argent dans les poches des travailleurs britanniques.